Un tribunal d’Istanbul a décidé le placement en détention de Turabi Kisin, l’ancien éditeur du quotidien kurde « Özgür Gündem », portant à 36 le nombre des journalistes kurdes emprisonnés depuis 20 décembre.
Arrêté le 30 décembre dans le cadre de l’affaire KCK, accusé d’être la branche urbaine du PKK, le journaliste kurde a été envoyé en prison de Metris après avoir comparu le 2 janvier devant le tribunal de Besiktas, sous l’accusation d’être membre d’une organisation « terroriste » et être membre du « comité de presse du KCK ».
L’affaire KCK est utilisée par les autorités pour intimider et réprimer le principal parti kurde BDP, les journalistes et tous ceux qui s’intéressent au sort du peuple kurde.
Le 20 décembre, le régime AKP, parti islamo-conservateur du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, avait mené des opérations simultanées dans plusieurs villes contre les médias kurdes en dehors de l’idéologie officielle, visant notamment deux agences de presse kurdes DIHA et Firat et le journal Özgür Gündem, dans le cadre de l’affaire KCK.
Du jamais vu dans l’histoire
49 journalistes et collaborateurs des médias arrêtés lors de ces opérations en quelques heures, du jamais vu dans l’histoire, ont comparus le 23 et 24 décembre devant la 9e cour d’assise d’Istanbul. Le juge a décidé le placement en détention « préventive » de 35 journalistes sous l’accusation d’être membres d’une organisation « terroriste», à la suite d’un jugement transformé en une comédie de justice, sans aucune preuve.
La Turquie est aujourd’hui la plus grande prison du monde pour les journalistes avec au moins 96, en grande majorité des kurdes, selon le Plateforme de soutien aux journalistes emprisonnés.
Parmi les journalistes en prison figurent au moins 23 journalistes de l’agence de presse DIHA, douze du seul quotidien en langue kurde Azadiya Welat, dont quatre anciens rédacteurs en chef et un directeur de publication, onze du journal Özgür Gündem et deux de l’agence de presse Firat. (MA)