“D’abord, ils nous ont imposé de devenir musulman. Nous avons refusé. Puis, ils ont donné un ultimatum, avant de rassembler tous les villageois dans l’école du village. Ils ont pris leur argent, portables, les bijoux sur les femmes… Les hommes ont été tous embarqués groupe par groupe dans des véhicules, avant d’être amenés hors du village et massacrés. On ignore le sort des femmes et des enfants.”
C’est ce que disent trois survivants des cette sauvagerie, perpétrée par les jihadistes de l’Etat islamique dans le village de Kocho, dans la région de Sinjar, prise le 3 août. Des centaines de milliers de personnes ont du fuir cette barbarie, après l’invasion jihadiste. L’intervention rapide des combattants kurdes syriens, les YPG, et de ceux du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) a évité de nouveaux massacres dans les montagnes qui sont maintenant sous le contrôle des combattants.
Mais ce nouveau massacre a été commis le 15 août dans le village Kocho, assiégé par les jihadistes depuis 6 août. D’après les premières informations sur le massacre commis dans ce village, au moins 80 personnes avaient été tuées. Mais selon trois villageois qui ont pu survivre sous les cadavres des personnes exécutées sommairement, près de 600 hommes ont été massacrés dans le seul village de Kocho. On ignore toujours l’ampleur des massacres commis dans toute la région.
Khalaf Khodéda: “Nous avions jusqu’au dimanche 10 août pour devenir musulmans par force. Après le dimanche, ils sont revenus et ont dit qu’ils ne feront pas de mal aux habitants. Le 15 août, vers midi, ils encerclé le village, à bord de 10 à 12 véhicules avec des armes lourdes, et ont rassemblé tous les villageois, femmes, enfants, personnes âgées, dans l’école. Ils ont pris argent, portables, les bijoux sur les femmes… Ils nous ont demandé encore une fois de devenir musulman. Nous avons refusé. Sous prétexte de nous conduire hors du village, ils ont pris quinze hommes à chaque fois. Je fesais partie des ces personnes embarquées et amenées en dehors du village. Ils ont tiré sur nous. Quand c’était notre tour d’exécution, un villageois est tombé sur moi. A ce moment, j’ai reçu deux balles, une dans le dos, une dans le pied. Je n’ai pas bougé malgré la douleur. Ils tiré plusieurs fois sur les personnes exécutées. Quand ils sont partis après une demi-heure, je me suis levé et j’ai couru pour me cacher derrière les arbustes.”
“Après un certain temps, ils sont revenus à bord d’un véhicule et ont tiré encore une fois sur les corps sans vie. Une demi-heure plus tard, ils ont amené un bulldozer pour creuser des fosses et enterrer les corps. Il y avait 600 hommes dans le village, qui ont été tous massacrés. Quand la nuit est tombée, j’ai fui vers les montagnes de Sinjar. J’ignore le sort des femmes et des enfants. Ils ont peut-être été massacrés dans l’école.”
Ilyas Salih Qassim (Médecin du village): “Les bandes de Daesh (l’Etat Islamique) ont lancé un ultimatum à notre village, tout comme ils ont fait dans le village de Hatimia. Mais les habitants de Hatimia ont réussi à fuir. Vendredi 15 août à 11 heures, les jihadistes ont encerclé notre village de 250 maisons et ont rassemblé tous les villageois dans l’école. Il y avait plus de 500 personnes dans l’école. J’étais parmi les quinze premières personnes qui ont été embarquées et amenées à 1 km au sud de village, avant de passer à l’exécution sommaire.
J’ai reçu une balle dans le pied. Une autre a passé juste à côté de ma tête. Ils tiraient sur tous ceux qui bougaient. Je n’ai pas bougé. Il y a eu un silence dix minute après. Quand j’ai vu qu’ils étaient partis, j’ai couru de toutes mes forces. Trois autres personnes qui ont survécu m’ont rejoint dans un jardin. Nous sommes allés dans le village arabe de Biska Jinubi, mais les habitants de ce villages ont refusé de nous accueillir par peur de représailles jihadistes. Le jour suivant, nous sommes arrivés dans les montagnes de Sinjar.
Ils ont massacré, tous comme nous, les habitats du village de Tel Qassab. Ces gangs n’ont aucune conscience ni morale. Il y avait un homme âgé de 85 massacré juste à côté de moi.
Le jeune Khidir Hassan Ahmad: “Ils nous ont tous amenés hors du village. Des balles pleuvaient sur nous. Comme moi, certaines personnes qui sont restées sous les cadavres ont pu survivre. Il y avait 200 à 300 femmes et enfants dans l’école. J’ai réussi à gagner les montagnes de Sinjar.