Le régime d’Erdogan est déterminé à poursuivre la politique autoritaire et illégale qu’il mène depuis trois ans dans les provinces kurdes. Depuis les élections locales du 31 mars 2019, les municipalités du Parti démocratique des Peuples (HDP) sont constamment menacées et attaquées par le gouvernement AKP dirigé par M. Erdogan et ses alliés ultra-nationalistes du MHP. Ces menaces ont encore pris de l’ampleur le 19 août 2019 lorsque le ministère de l’intérieur a démis les Co-maires et dissous les assemblées municipales de trois communes métropolitaines kurdes détenues par le HDP,à savoir Diyarbakır, Mardin et Van. in PDF
Le régime d’Erdogan avait déjà porté un grand coup aux municipalités HDP et à la volonté des électeurs qu’elles représentent, dans le cadre de l’état d’urgence décrété au lendemain du putsch avorté du 15 juillet 2016 dont il a profité pour renforcer son autoritarisme. Dans ce contexte, un décret-loi (no 674) publié en septembre 2016 a entraîné rapidement, comme l’indique un rapport de l’ONU de 2017, « le remplacement total des élus d’origine kurde dans tout le sud-est de la Turquie… par des ”administrateurs” [nommés par le gouvernement central]. Dans la plupart des cas, les ”administrateurs” ont été nommés immédiatement après l’arrestation des personnes démocratiquement élues, ce qui témoigne d’un degré élevé de coordination entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif ».1
Lettres d’Ahmet Türk, maire adjoint de Mardin, Selçuk Mızraklı, maire adjoint de Diyarbakir, Bedia Özgökçe Ertan, maire adjoint de Van
Cher.e.s collègues,
Nous vous écrivons en tant que co-maires élu·e·s des communes métropolitaines de Mardin, Diyarbakır et Van. Ces trois grandes provinces kurdes de Turquie, qui abritent au total 3,8 millions de citoyens, font partie des fiefs politiques et électoraux de notre parti, le Parti Démocratique des Peuples (HDP). Aux élections municipales du 31 mars 2019, nous avons été élus maires dans ces provinces avec des marges élevées : 56,24% à Mardin, 62,93% à Diyarbakır, et 53,83% à Van. Le 19 août 2019, nous avons été démis·e·s de nos fonctions et remplacé·e·s par des administrateurs nommés
par le gouvernement. Nos conseils municipaux ont été dissous par une décision arbitraire du ministère de l’Intérieur en violation de la Constitution turque et de la Charte européenne de l’Autonomie Locale dont la Turquie est signataire. Lire tout avec PDF