« La révocation par le ministère turc de l’Intérieur de trois maires élus démocratiquement dans les principales municipalités des régions du sud-est et de l’est du Kurdistan viole de manière flagrante les droits des électeurs et suspend la démocratie locale », a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué publié sur son site internet.
Le 19 août, Adnan Selçuk Mızraklı, Ahmet Türk et Bedia Özgökçe Ertan, respectivement Co-maires de Diyarbakir, Mardin et Van, ont été limogés par le ministre turc de l’intérieur et remplacés par des préfets. Les trois Maires élus le 31 mars dernier au nom du Parti démocratique des Peuples (HDP) sont accusés de « terrorisme »
« Le gouvernement du président Erdogan a effectivement annulé les résultats des élections locales de mars dans les trois principales villes kurdes du sud-est et de l’est (…) en supprimant les maires élus et en prenant le contrôle de ces municipalités», a déclaré Hugh Williamson, Directeur de HRW pour l’Europe et l’Asie centrale. «Le fait de dénigrer les maires en alléguant des liens vagues avec le terrorisme pour priver la population kurde de ses représentants choisis met en danger toute personne en Turquie attachée aux élections démocratiques, aux droits humains et à la loi », a-t-il ajouté.
Les trois Co-maires destitués avaient été élus le 31 mars dernier avec des scores allant de 53% à 63% des voix. C’est la deuxième fois que des maires élus dans le sud-est du pays sont démis de leurs fonctions : en 2016, une vague de répression avait conduit à la destitution de 95 Maires HDP sur les 106 élus en 2014. Ils ont été remplacés par des fonctionnaires nommés par le gouvernement, la plupart du temps des préfets et sous-préfet des régions concernées.
Rappelant que la Cour européenne des droits de l’homme avait « sévèrement critiqué la Turquie du fait des poursuites lancées contre des membres élus du parlement pour des accusations de terrorisme dénuées de fondement », notamment dans l’affaire concernant la détention illégale de Selahattin Demirtaş, ancien Député et Coprésident du HDP, HRW a ajouté ceci :”les mesures prises par le gouvernement d’Erdoğan contre des responsables démocratiquement élus violent les obligations de la Turquie au regard du droit international et régional des droits humains. »
« Ces mesures violent le droit à la participation à la vie politique, le droit à des élections libres et le droit à la liberté d’expression énoncés dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention européenne des droits de humains”, a conclu HRW.
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Kati Piri : « Et ensuite ? La destitution des Maires d’Ankara et d’Istanbul ? »
La rapporteure du Parlement européen pour la Turquie, Kati Piri, a protesté contre la saisie des trois municipalités métropolitaines gérée par le Parti démocratique des Peuples (HDP). Dans un tweet posté suite à la destitution des Co-maires des villes concernées, elle pose la question de savoir qui seront les prochains sur la liste.
La députée néerlandaise Kati Piri a publié un message sur son compte Twitter pour protester contre la destitution par le gouvernement turc des Maires HDP de trois principales villes kurdes, Diyarbakir, Van et Mardin, et leur remplacement par les préfets des départements concernés : « Accusés de terrorisme, les maires de Diyarbakir, Mardin et Van ont été remplacés, cinq mois après leur élection. Encore. Zéro respect pour la volonté du peuple. Et ensuite ? La destitution des Maires d’Ankara et d’Istanbul ? »
La Députée européenne a également partagé sur Twitter la réaction du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, concernant ces destitutions, avec le commentaire suivant : « Le maire d’Istanbul critique le remplacement des maires kurdes de Mardin, Diyarbakir et Van. J’imagine que tous les maires élus démocratiquement en Turquie pensent la même chose (même s’ils n’osent pas le dire). »