La Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) appelle la Turquie à fournir des explications concernant la détention de 546 juges et procureurs.
La Cour de Strasbourg aimerait savoir, entre autres choses, si la détention des magistrats était fondée sur des motifs plausibles de les soupçonner des infractions reprochées, après la tentative de coup d’État de 2016. Ankara devrait également indiquer s’il existe une quelconque indemnisation après la détention. Un porte-parole de la CEDH a souligné que la Turquie avait jusqu’à six mois pour faire des observations.
Les personnes détenues seraient liées au mouvement du prédicateur islamiste Fethullah Gülen, accusé par la Turquie d’appartenance à une organisation terroriste. Le gouvernement turc accuse Gülen d’être à l’origine du putch raté du 15 juillet 2016. Les poursuites contre les personnes concernées sont toujours en cours.
Depuis la tentative de coup d’État, le gouvernement turc a pris des mesures massives contre les personnes soupçonnées de « terrorisme » et les membres de l’opposition. Le Président Recep Tayyip Erdogan avait déclaré à la mi-avril à Ankara que plus de 4000 employés du système judiciaire avaient été démis de leurs fonctions. Selon des données datant de mars, 500 000 personnes au total ont été arrêtées depuis 2016 pour des liens présumés avec Gülen – environ 30 000 seraient toujours en détention.
La vague d’arrestations qui a touché jusqu’à présent un demi-million de personnes a été critiquée par la communauté internationale. La semaine dernière, dans un rapport d’avancement sur les réformes dans les pays souhaitant rejoindre l’Union européenne, la commission européenne avait déploré “une grave régression de l’état de droit et des droits fondamentaux” en Turquie.