La Commission européenne a publié mercredi 29 mai son rapport d’évaluation annuelle sur la Turquie et 7 autres États candidats à l’adhésion à l’Union européenne. Concernant la Turquie, elle déplore une régression grave dans les domaines de la liberté d’expression, des droits humains et de l’économie. Lors de la présentation du rapport, le commissaire européen à l’élargissement, Johannes Hahn, a déclaré que l’ouverture de chapitres de négociations avec la Turquie n’était pas envisageable.
Le rapport souligne la forte régression observée, par rapport aux années précédentes, dans les domaines des droits humains et de la démocratie en Turquie et fait état, pour la première fois, de préoccupations concernant l’économie et le marché libre. Il indique à cet égard que les mesures prises par le gouvernement turc ont eu un impact négatif sur les marchés et que l’économie turque a continué de progresser sur une trajectoire extrêmement erronée.
Pointant la forte régression des droits et libertés fondamentales, en particulier les libertés d’expression et d’association, il estime que les pressions politiques exercées sur les juges et les procureurs ont porté atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire.
Le rapport évoque également les élections locales du 31 mars, critiquant les décisions du Haut Conseil électoral turc (YSK) de ne pas délivrer de mandat à quatre Maires du Parti démocratique des Peuples et d’annuler les élections d’Istanbul. Il ajoute que ces deux incidents suscitent des inquiétudes accrues quant aux pressions politiques exercées sur le processus électoral en Turquie.
Lors de la conférence de presse donnée à Bruxelles le 29 mai, à l’occasion de la publication du rapport, Johannes Hahn, commissaire européen à l’élargissement et à la politique européenne de voisinage, a déclaré que, compte tenu de l’éloignement de la Turquie des valeurs européennes, on ne pouvait envisager l’ouverture de chapitres de négociation.
Suite à l’intervention de M. Hahn, plusieurs députés européens lui ont adressé des questions sur la Turquie. Kati Piri, rapporteure du Parlement européen pour la Turquie, a attiré l’attention sur la poursuite de la torture dans les prisons turques et appelé la commission européenne à ne pas se contenter d’observer les violations, mais à développer une stratégie pour y remédier.