Le 21 novembre 2004, le jeune Ugur Kaymaz et son père étaient tués de plusieurs balles, devant leur maison de Kiziltepe. Une Kalachnikov a été “retrouvée” à côté des corps ; les autorités turques ont prétendu qu’Uğur et son père avaient été tués par les forces de sécurité pour empêcher une attaque terroriste.
Ugur Kaymaz avait douze ans lorsqu’il a été touché par treize balles, devant sa maison. Le 21 novembre 2004, Ugur et son père Ahmet Kaymaz ont été abattus par les forces de sécurité turques à Kiziltepe, dans la province kurde de Mardin. Uğur portait des pantoufles aux pieds au moment où il a été tué. Treize balles ont été retrouvées dans son corps et huit dans celui de son père.
Après les exécutions, le gouverneur de Mardin a déclaré que des terroristes impliqués dans la planification d’un attentat avaient été abattus. Pour appuyer cette allégation, une Kalachnikov avait été placée à côté des corps et la scène photographiée. L’arme était presque aussi grande que le corps de douze ans.
Une enquête ouverte au prix de grands efforts de la famille et des proches des victimes a finalement abouti à l’impunité. En 2014, la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a condamné la Turquie dans cette affaire et lui a demandé de la rejuger. Cependant, le Conseil constitutionnel turc ayant à nouveau rejeté la requête, le dossier est retourné devant la CEDH.
Pour la mère de Ugur, Makbule Kaymaz, 16 ans après, la douleur est inoubliable. “Il a été assassiné avec son père sur le seuil de notre maison, sans aucune raison. Les auteurs n’ont jamais été condamnés”, a-t-elle déclaré.
“Après Ugur, Ceylan Önkol, Enes Ata, Berkin Elvan et tant d’autres enfants ont été assassinés. Rien n’a changé au cours de ces 16 années”, a-t-elle ajouté.
Une statue érigée à Kiziltepe, à la mémoire d’Ugur et de tous les enfants tués par les forces de sécurité, a été démolie en juin 2017 sur ordre de l’administrateur nommé par l’Etat pour remplacer les Co-maires kurdes destitués. A la place, a été construite une tour d’horloge.